Alors que l’économie mondiale semblait tout juste retrouver son activité normale après deux ans de pandémie, le conflit entre la Russie et l’Ukraine déstabilise de nouveau l’Europe et le monde. De nombreux pays, dont la France, mettent en place des sanctions fortes contre la Russie, qui voit son économie souffrir de ces mesures. Mais les effets de la guerre en Ukraine affectent déjà différents secteurs de l’économie française.
Les places boursières fortement affectées
Depuis le début du conflit armé entre l’Ukraine et la Russie, les places boursières européennes n’ont cessé de montrer des signes de faiblesse. À Paris, l’indice CAC 40 est à son niveau le plus bas depuis le début de l’année, tout comme c’est le cas à Berlin, à Londres, mais aussi aux États-Unis à Wall Street. Pendant les mois précédents, les bons résultats des entreprises et la reprise de l’activité économique suite à la vague épidémique Omicron avaient rassuré les acteurs financiers. Mais la menace d’un conflit armé aux portes de l’Union européenne tétanise désormais les investisseurs.
Les experts redoutent un phénomène de stagflation caractérisé par une inflation des prix et une stagnation de la croissance économique mondiale. De plus, une inflation élevée et croissante aggraverait la crise du coût de la vie qui touche actuellement de nombreux consommateurs. Et cela, alors que les banques centrales ont déjà injecté beaucoup d’argent dans l’économie au cours des deux dernières années de pandémie.
Le secteur de l’énergie fortement affecté
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine pose pour la France la question de savoir vers quel autre fournisseur d’énergie se tourner pour le gaz et le pétrole. Même si le pays dispose de stocks stratégiques, les conséquences sur le long terme sont inévitables. La Russie figure en effet parmi les trois premiers exportateurs et producteurs mondiaux de pétrole et c’est un des premiers exportateurs de l’Europe. Si le conflit se poursuit, le prix du pétrole va nécessairement augmenter. Il a déjà atteint cette semaine près de 100 dollars le baril, le niveau le plus élevé depuis 2015, et pourrait encore croître, ce qui va par conséquent se répercuter sur le prix des carburants. Les experts parlent ainsi d’une hausse d’environ 7 à 10 centimes des prix sur les prochaines semaines. Cette baisse de l’offre de la part de la Russie pourrait être compensée par l’OPEP si ces derniers décident d’augmenter leurs quotas de production. Cependant, il n’est pas évident de savoir à l’heure actuelle si de telles mesures seront suffisantes.
Le gaz est également un sujet de préoccupation majeure, le principal exportateur de gaz vers l’Union européenne étant la Russie. En France, la dépendance n’est à hauteur que de 17 % à 20 % ce qui est moins que d’autres pays de l’UE. La Norvège est son principal fournisseur, à hauteur de 35 %. Ainsi, si la Russie venait à couper complètement son approvisionnement, la France ne serait pas en pénurie totale de carburants. De plus, la Russie a aussi besoin de ces ressources, car 15 % de son PIB dépend uniquement du gaz exporté vers l’Europe, créant une véritable forme d’interdépendance.
Les sanctions prises à l’encontre de la Russie pourraient également creuser le problème du gaz. Car si des sanctions bancaires poussées sont appliquées et que la Russie est complètement exclue du système financier international Swift, alors il n’est plus possible de lui acheter son gaz. C’est pourquoi les gouvernements sont déjà en train de travailler sur d’autres alternatives d’approvisionnement pour le gaz et le pétrole.
La guerre du blé
Le conflit qui oppose l’Ukraine et la Russie oppose deux des plus grands producteurs et exportateurs mondiaux de blé. Par conséquent, l’invasion de l’Ukraine a immédiatement été suivie d’une forte hausse du cours du blé. Mais le conflit touche également d’autres céréales comme le maïs, le colza ou bien encore le tournesol, car il se déroule dans les zones agricoles les plus productives de l’Ukraine. De fait, de nombreux pays dépendent du blé russe, ainsi que du maïs ou du tournesol ukrainien et si l’augmentation des prix est trop forte, ils ne pourront plus se fournir. La situation de la France dans ce contexte n’est pas si critique puisque c’est le premier producteur et le premier exportateur de blé de l’Union européenne. Beaucoup des céréales produites sur le territoire français sont exportées, mais pourraient éventuellement être gardées pour être vendues sur le marché interne. Par ailleurs, une trop forte hausse du prix du blé ne serait pas forcément profitable à l’économie française. En effet, si le taux est trop important, le blé devient dans ce cas invendable, car trop cher.
Les conséquences pour l’élevage français
Le prix du blé a une forte influence sur le prix de l’ensemble des céréales. Or, avec cette potentielle crise du blé, les éleveurs pourraient être affectés de plein fouet par la hausse du soja, qui est la principale céréale utilisée pour nourrir les troupeaux d’élevage. À cela s’ajoute l’inflation du maïs ou du tournesol ukrainien, également utilisés pour nourrir les bêtes. Le prix de l’engrais pourrait également être affecté par la montée du prix du gaz. Enfin, la Russie représente un débouché majeur du secteur de l’agroalimentaire français. Ainsi en 2021, la France exportait 460 millions d’euros de produits agroalimentaires vers la Russie, principalement dans les secteurs laitiers et porcins. Si Moscou décide de ne plus s’approvisionner auprès de la France, le manque à gagner serait très important pour le secteur de l’élevage français.