Depuis septembre nous avons assisté à un bull market sur le marché du Brut (WTI et Brent) avec un niveau en 2014 (80+ USD):
Les futures sur pétrole sont des sous-jacents soumis à plusieurs facteurs d’influence : structurel et conjoncturel. L’offre et la demande constituent un des facteurs structurels majeur de la formation du prix comme la théorie économique classique nous l’enseigne mais aussi l’impact de la géopolitique (guerre en Irak, en Lybie ou l‘embargo sur le pétrole iranien), les capacités de stockage (prix négatif en période COVID) ou d’autres facteurs conjoncturels comme la météorologie (L’ouragan Katrina a été l’un des meilleurs exemple).
Le nouveau record sur la période 2014-2021 atteint récemment par le brut relève d’un facteur structurel avec un miss-match entre l’offre et la demande de Brut. En effet avec le retour d’une activité économique post Covid, on s’aperçoit que l’offre de Brut ne suit pas la même évolution, ce qui a produit l’envolée des prix.
Le nombre de puits de pétrole en activité des pays de l’OPEC est de moitié inférieure à la période pré Covid ce qui a pour impact de créer une réelle tension sur les prix et laisse entrevoir des prix encore plus élevés. La remise en route des puits relève d’une volonté qui n’est pas annoncée par les pays de l’OPEP.
La Chine, premier importateur de Brut mondial (26%) a vu sa demande de Brut repassée au-dessus des 10 M/bpj ce qui a eu un impact fort sur la demande mondiale. Avec toujours une offre de Brut bien inférieure à la période pré Covid nul doute par conséquent que nous ayons un marché déséquilibré.
Pour y remédier la théorie économique nous l’enseigne : augmenter l’offre. Mécanisme théoriquement simple puisque l’offre de Brut s’organise principalement par l’intermédiaire de concertations des membres de l’OPEP. Il leur suffit « d’ouvrir le robinet » pour rééquilibrer le marché et donc maintenir un prix à un niveau inférieur. Seulement il est dans leur intérêt de voir un marché assez haut puisque le pétrole constitue leur principale rente. Les déclarations récentes du ministre de l’Energie Saoudien vont dans ce sens. Notons aussi que la période Covid a été assez dure en termes de profit pour les pays de l’OPEP puisque nous avons assisté à une baisse vertigineuse des prix due au ralentissement total de l’activité économique mondiale (avec même des prix négatifs sur le WTI).
Notons aussi que l’ouragan Ida n’a pas aidé puisque cela a gelé pendant une période la production US et les raffineries et cela risque de durer jusqu’à la fin de l’année (selon Shell).
Aussi nous avons vu une flambée des prix du Gas Naturel et du charbon qui a un impact sur la demande du Brut puisqu’il existe en Chine la possibilité de changer de source d’approvisionnement en fonction du plus rentable.
En étudiant la courbe des futures du Brut on s’aperçoit que cette situation n’est pas conjoncturelle et s’apprête à persister (voir les spreads de fin d’année et le steep backwardation).
Les principales banques ont relevé leur objectif pour 2022
Morgan Stanley a relevé son objectif pour Q1-2022 de 77 USD à 95 USD. Les stocks de pétrole diminuent partout, aux USA comme en Chine et même lorsque la Chine a annoncé en septembre puiser dans ses stocks de réserves stratégiques pour pallier l’augmentation des prix cela n’a eu qu’une incidence temporaire sur la baisse des prix. De la même manière pour les stocks aux USA, les chiffres montrent une baisse qui a pour impact de maintenir la pression sur les prix.
L’analyse récente de Morgan Stanley montre qu’il existe encore un potentiel d’up-side de 30% avant d’atteindre une charge pour l’économie équivalente à la période 2011-2014.
De 10 à 15% de hausse sur le Brent et nous serions sur les 95 USD ce qui correspond à la prévision de Stanley pour Q1-2022.
Entrant dans la période hivernale en Chine et aux USA avec ce miss-match, si un épisode violent et un hiver rude et durable devait avoir lieu alors l’impact sur les prix pourrait être encore plus important.
Gardons en mémoire l’impact du prix de l’énergie sur nos sociétés et la capacité des pays importateurs à maintenir une pression sur les décisions des pays de l’OPEP.
Pour résumer, si la demande se maintient il faudra alors scruter les décisions des réunions des membres de l’OPEP pour anticiper une possible baisse sinon, tous les voyants sont au vert pour un bull market.