Lorsque l’on souhaite augmenter son capital en passant par les marchés financiers, deux grandes possibilités existent : la spéculation et l’investissement. Ces deux visions ne s’opposent pas forcément, elles ont mêmes certains points communs, mais elles sont tout de même bien différentes. Ce que l’on nomme « trading » rentre communément dans la catégorie spéculation.
Le but que partagent ces deux activités reste néanmoins brut, froid et concret : il s’agit de faire du profit, augmenter son capital initial.
Des finalités divergentes
Ceci étant dit, la spéculation et l’investissement ont des finalités distinctes. Le trading repose vraiment sur un résultat financier, le fameux « Profit and Loss » ou « P & L ». C’est en quelque sorte la raison d’être du trader. La spéculation a pour seul but de faire du profit et d’augmenter en effet le capital initial. Évidemment d’autres éléments entrent en jeu comme le risque pris et l’on analysera entre autres les ratios de Sharpe ou Sortino afin d’affiner les performances d’un trader. Dans tous les cas, peu importe les produits et stratégies utilisés, seul le P&L compte.
Il serait bien sûr erroné d’affirmer que le résultat ou la performance n’importe pas en investissement boursier. Cela reste une activité financière « mathématique ». En revanche, la finalité ne repose pas sur ce seul résultat brut et froid. Un investisseur achète la plupart du temps un marché ou une entreprise par conviction. En d’autres termes, les produits investis ont une importance à ses yeux. Les fondamentaux de l’entreprise, le secteur dans lequel elle évolue, le management de la société, l’évolution des tendances mondiales… sont autant de facteurs dans lesquels l’investisseur croit.
L’exemple le plus flagrant en ce moment est l’ISR (Investissement Socialement Responsable). On n’a pas encore entendu de TRS pour Trading Socialement Responsable ! Et c’est tout à fait compréhensible. Peu importe le sous-jacent, pourvu que le trader ait le gain.
Un trader pourra très bien jouer sur les fluctuations en bourse d’un fabricant de cigarettes. Il le fera sans mauvaise conscience et dormira très bien la nuit (à part s’il a utilisé un levier énorme !). Seul le rendement potentiel lui importe. En l’occurrence il pourra acheter ou vendre à découvert l’action comme il l’entend en fonction de sa stratégie. L’investisseur « responsable », d’un autre côté, n’achètera jamais ce type de société car le tabac est mauvais pour la santé et provoque des cancers.
Flexibilité accrue en trading
On voit naître ici un deuxième point de différence entre l’investissement et la spéculation.
Le trading est en général plus flexible et ouvert à plus de marchés et d’instruments financiers : futures, options, CFDs… Le levier est également utilisé plus souvent qu’en investissement. Les ventes à découvert sont largement utilisées. Bref le champ des possibilités est plus vaste et c’est à double tranchant. La contrepartie réside dans le fait que le trading est plus compliqué et a besoin de plus de maîtrise et d’expérience afin de réaliser de bonnes performances. Par conséquent la spéculation est bien plus risquée. Plus de risque implique un rendement éventuel plus important, certes, mais des pertes plus grandes si elles arrivent. Bien sûr tout cela dépend des stratégies adoptées et de sa maîtrise de gestion des risques. La spéculation peut être « sécurisée » à condition de savoir ce que l’on fait.
Le temps, facteur clé
L’horizon de temps est bien souvent un autre élément qui sépare la spéculation de l’investissement. Bien que l’on puisse dans les deux cas avoir un facteur « temps » identique, le trading se fait en général sur du court-terme (de quelques secondes à quelques semaines) tandis que l’investissement se joue sur du long-terme (de quelques mois à plusieurs années). Encore une fois, il y a de tout partout, mais c’est ce que l’on constate en moyenne.
Cette temporalité différente a pour conséquence directe le nombre de transactions passées bien plus élevé en spéculation. Un investisseur ne fait pas de va-et-vient incessant sur les marchés. Un trader peut acheter et vendre à plusieurs reprises sur une journée.
L’autre effet immédiat lié au nombre d’opérations est le coût engendré. En effet, plus on passe de trades, plus on paie le courtier, et plus notre marge est réduite. C’est un aspect à ne pas négliger lorsque l’on est très actif sur les marchés.
Quelle activité pour de meilleures performances ?
Il n’existe pas d’études sérieuses comparant les deux approches, spéculation et investissement, tant les facteurs affectant l’une et l’autre sont nombreux. Dans chacun des cas on trouve des excellents acteurs aux performances prodigieuses comme de très mauvais exécutants aux résultats désastreux.
En revanche, on constate les points suivants :
- Pour les particuliers, il est admis que le trading est plus risqué et provoque la perte du capital misé en très peu de temps. De nombreuses études sérieuses vont dans ce sens. Par ailleurs, aucune recherche ou papier académique ne montre le contraire…
- Si l’on se fie aux « milliardaires » et autres « multimillionnaires » il s’agit souvent de grands investisseurs, l’exemple le plus parlant étant nul autre que Warren Buffett. Cela rejoint le premier point : il est moins risqué pour un particulier d’investir sur du long terme plutôt que faire du trading actif. Attention, cela ne veut pas dire que l’investissement est « facile » ou forcément lucratif…
- Lorsque l’on maîtrise le trading, c’est en effet une activité plus profitable que l’investissement, surtout en termes de temps. Les performances pouvant être réalisées en trading sont largement supérieures d’une part, et réalisées en moins de temps d’autre part. C’est logique : un risque plus élevé implique un rendement plus élevé. Le trading est un couteau plus affûté : il coupe bien et vite si on sait s’en servir. En investissement, le couteau coupe moins bien, mais si on se coupe c’est souvent moins grave…
Pour faire simple on peut donc conclure que si notre but unique est d’augmenter notre capital sans attendre trente ans, le trading est plus approprié. Cela vient cependant avec un risque très élevé. Il n’y a donc pas de miracle et l’on en revient à la notion de rendement/risque classique. La question à se poser repose alors sur le facteur temps : veut-on augmenter son capital en quelques mois ? en 3 ans ? en 15 ans ?