Faut-il se ruer sur le cannabis maintenant ? Plus précisément, faut-il investir sur les entreprises de ce secteur en pleine naissance ? C’est l’euphorie sur les marchés américains et canadiens.
Jusqu’alors réservée aux utilisateurs pour leur consommation personnelle, et illégale, la marijuana est en passe de devenir le nouvel or vert, la nouvelle matière première d’un marché très lucratif.
Depuis les Pays-Bas en 1976, peu de pays s’étaient aventurés dans la légalisation de la plante aux effets planants. Mais récemment, les États-Unis et le Canada ont commencé à dépénaliser la consommation de cannabis, comme en Californie. Surtout, son usage n’est plus réservé aux amateurs mais il est devenu un ingrédient médical. Ces deux facteurs, légalisation d’une part et usage thérapeutique d’autre part, amorcent un nouveau mouvement global dans le monde et sur les marchés financiers.
Naissance d’entreprises spécialisées
La société canadienne Tilray, engagée dans la recherche, la production et la distribution de cannabis médical, a vu son cours de bourse multiplié par dix depuis son introduction en bourse en 2018. Les créations de ce type d’entreprise s’enchaînent car le potentiel est bien là. Mais est-ce un réel marché viable ou une simple mode du moment ? Assiste-t-on à la création d’une bulle comme dans les technologies des années 2000, ou plus récemment celle des crypto monnaies ? Toujours est-il que les marchés s’emballent.
Évolution du titre Tilray :
Marché du cannabis légal
La taille du marché global du cannabis est estimée à environ $16 milliards. Ce chiffre devrait augmenter de façon conséquente les années à venir. Notamment ce marché devrait atteindre les $40 milliards d’ici 2021 et les $57 milliards en 2027 selon une étude récente.
Le développement de cette industrie dépend en grande partie du cadre légal de son utilisation et des politiques nationales. Le 17 octobre 2018 le Canada a légalisé l’usage récréatif du cannabis. L’utilisation à des fins médicales s’étend également de façon plus large en Amérique du Nord. C’est ainsi que des entreprises nord-américaines se sont vu délivrer des licences se développent rapidement et étendent leur business en Europe, Amérique du Sud, Afrique, Asie, Australie, bref partout dans le monde.
La production et la vente de marijuana croit à vitesse grand V et c’est probablement le moment de se positionner et d’essayer d’en tirer profit.
Légalisation
Du point de vue législatif, comme on l’a vu, l’Amérique du Nord est en pointe : les États-Unis et le Canada tirent la croissance. En Europe, ce sont les Pays-Bas et surtout l’Allemagne qui se positionnent en leaders européens sur ce marché. Le Royaume-Uni, l’Italie et la France vont certainement réagir mais cela demandera du temps et un changement des politiques vis-à-vis du cannabis.
Néanmoins, les États vont certainement se pencher sérieusement sur la question. En effet, l’industrie du cannabis peut apporter des bienfaits aux économies locales. Les créations d’emploi contribueraient à la baisse du chômage et les recettes fiscales seraient les bienvenues pour les États. Les gouvernements ont donc tout intérêt à favoriser l’éclosion et le développement de ce marché.
Opinion publique
Une partie de la population soutient fermement la légalisation et la régulation de la consommation de cannabis et l’allégement des restrictions d’usage. Des organisations se rassemblent d’ailleurs partout dans le monde pour faire bouger les lignes et revendiquent un changement politique à l’égard de la consommation du cannabis. En atteste la Marche mondiale pour le cannabis organisée tous les ans depuis 1999, connue maintenant sous le nom de Cannaparade.
Les utilisations du cannabis
La grande révolution, si l’on peut dire, vient de l’usage médical de plante verte. Des soins thérapeutiques pourront ainsi être administrés à des patients atteints de maladies chroniques ou simplement réduire leurs douleurs récurrentes. Ce marché médical est estimé à $19 milliards. Cette somme proviendrait en grande partie de l’Europe et du reste du monde, l’Europe étant plus frileuse sur l’usage récréatif. En effet l’usage grand public sera très limité en Europe dû aux politiques de protection des consommateurs et de santé publique. En revanche le soulagement et le traitement des douleurs chroniques prodigués par le corps médical et dans les hôpitaux sont moins problématiques.
Du côté du grand public et de l’usage « récréatif » du cannabis, il concernerait principalement les États-Unis. Ce marché est estimé à $38 milliards. Ces estimations donnent le tournis et font baver certains investisseurs qui voient sur les feuilles vertes pousser des dollars en masse !
Comment en profiter ?
Le marché du cannabis, bien que déjà en marche, reste encore peu connu du grand public. Les investisseurs professionnels se positionnent en ce moment pour profiter de cette tendance haussière inéluctable. Alors comment faire partie de la fête ?
Une première solution est d’acheter des fonds sur ce secteur. Ils sont encore peu nombreux, voire inexistants, mais ils devraient apparaître les mois à venir. Des ETFs sont aussi en cours de création ou déjà sur le marché, comme le Horizons Marijuana Life Sciences ETF créé en 2017 et coté sur la bourse de Toronto au Canada. Pour les détails et la composition mise à jour de cet ETF, on peut se rendre directement sur le site de la société de gestion Horizons.
Évolution de l’ETF Horizons Marijuana (HMMJ) :
Une alternative est de sélectionner soi-même les actions à acheter. On pourra ainsi s’intéresser au secteur pharmaceutique, aux laboratoires de recherches, aux producteurs, et toutes les nouvelles boîtes spécialisées dans le cannabis. D’autre part, des sociétés de consommation « classique » qui bénéficieront de ce marché sont une cible potentielle. Dans les boissons et spiritueux par exemple, des entreprises comme Pernod Ricard s’y intéressent de très près.
Avertissements
Dans tous les cas, une chose est sure : il s’agit pour l’instant d’un marché croissant, en devenir. Il est à ce jour hautement spéculatif et donc très volatile. Le risque de pertes est bien réel. La plus grande prudence est de rigueur.
Pour l’investisseur particulier désirant être exposé à ce marché, acheter des fonds ou ETFs reste encore la chose la plus raisonnable à faire.
Par ailleurs, ce marché n’a que très peu de barrières à l’entrée : il est relativement facile techniquement de produire du cannabis. Conséquence immédiate : de nombreuses sociétés vont se créer et les prix vont forcément baisser…
Le raisonnement est probablement moins vrai sur le segment de l’usage médical où l’expertise et les niveaux d’exigence sont bien plus élevés.