Deux ans après que les électeurs britanniques ont décidé de quitter l'Union Européenne, les négociations sur le Brexit semblent être dans une impasse. Cependant, le pays a une certitude : le Brexit sera un processus long, douloureux et coûteux.
C'est pourquoi, il y a à peine une semaine, le journal The Independent a lancé un appel au public via une pétition, pour demander au gouvernement un deuxième référendum. À ce jour, plus de 600 000 personnes ont signé cette pétition pour avoir le dernier mot sur l'accord du Brexit de Theresa May.
Cependant, la première ministre a elle-même assuré que :
“Nous quittons l’UE et il n’est pas question d’un deuxième référendum ou d’un retour en arrière. Les citoyens du Royaume-Uni sont convaincus que si nous prenons une décision, alors les gouvernements ne doivent pas se retourner ensuite et dire non, vous vous êtes trompés”.
Pourquoi un deuxième référendum ?
La raison pour laquelle The Independent, la députée conservatrice Justine Greening et de nombreux autres politiciens et membres du public demandent un deuxième référendum est simplement parce que le premier était basé sur de la spéculation et le second sera sur les faits. Beaucoup soutiennent qu'un deuxième référendum permettrait à la population de revoir sa décision, car la campagne du Brexit a enfreint la loi électorale et transmis de fausses informations pour influencer les électeurs. Il semble également évident que le Brexit va rendre les importations, les exportations et les transactions internationales beaucoup plus compliquées et coûteuses. De nombreuses multinationales ont déjà menacé de quitter le Royaume-Uni, et certaines l’ont déjà fait.
En résumé : nous en savons beaucoup plus sur les conséquences de la sortie de l’UE qu’il y a deux ou trois ans. Pourquoi ne pas encourager un choix plus éclairé ?
Une autre raison pour laquelle un second référendum pourrait être nécessaire est que le gouvernement de Theresa May ne peut pas, en vertu de la loi, signer un accord sur le Brexit sans l'approbation des députés. Aux vues des dernières semaines, il semble que le Parlement soit enclin à rejeter tout accord approuvé par May. Les travaillistes ont imposé des conditions apparemment impossibles à satisfaire et même le parti conservateur semble se retourner contre son chef. Donc l’approbation par les députés de l’accord de May sur le Brexit semble hautement improbable. Alors, comment le gouvernement peut-il sortir de l'impasse? Simplement en impliquant la population britannique dans le processus de décision - encore une fois.
Qu'est-ce qui est si différent cette fois-ci?
Tout d'abord, le Brexit n'est plus un rêve utopique (ou cauchemar). Les négociations en cours depuis deux ans ont rendu le départ du Royaume-Uni de l'UE beaucoup plus tangible.
Par exemple, ceux qui avaient espéré et prédit un avenir glorieux pour le pays ont dû faire face à la réalité du Brexit.
Le premier référendum était un archétype de politique identitaire, attirant les nostalgiques d'une époque différente et qui n'avaient pas encore tout à fait compris la Grande-Bretagne d'aujourd'hui et sa place au sein de l'UE et du monde. En conséquence, la décision des électeurs de quitter l'UE n'a pas été une surprise : promesses d'augmentation des fonds du service de santé national, restrictions plus strictes en matière d'immigration et satisfaction d'un retour à un empire britannique. Comment résister ? Comme pour la plupart des élections, les résultats du pour ou du contre étaient difficiles à discerner. Quel accord avec l'UE en sortirait ? Quand serait-il de la relation du Royaume-Uni avec les États-Unis et le reste du monde ? Le Royaume-Uni pourrait-il prospérer avec son propre argent sans compter sur les subventions de l'UE ? Y aurait-il des limites à l'immigration pour rendre le pays "un peu plus britannique" ?
Le deuxième référendum serait légèrement différent. La question n'est plus "le Royaume-Uni devrait-il quitter l'UE?", Mais "le Royaume-Uni est-il satisfait de l'accord du Brexit de Theresa May ?". Cela donnerait aux citoyens l'occasion de s'exprimer sur l'accord final, plutôt que sur les promesses vagues et idéalistes qui lui avaient été faites en 2016.
Alors que les perspectives à long terme pour la Grande-Bretagne post-Brexit sont encore incertaines, la Grande-Bretagne du court terme est en train d’entreprendre un parcours long et difficile, peu prometteur en terme de prospérité économique et sociale. Si les électeurs britanniques votent contre l'accord du Brexit de Theresa May et décident de rester dans l'UE, il reste à savoir si l'UE est prête à reprendre le Royaume-Uni à son bord.