Le Venezuela vient de lancer la première crypto-monnaie d’état au monde : le PETRO. La monnaie serait gagée par les réserves en pétrole du pays (parmi les plus importantes au monde) avec un prix qui serait calqué sur celui du baril vénézuélien de manière à éviter une volatilité trop importante.
Le prix d’émission a été fixé à 60 USD pour un PETRO soit environ 48 €. Le gouvernement espère émettre jusqu’à 100 millions de PETRO (6 milliards d’USD) et pour son premier jour 735 millions d’USD ont été créés.
Une monnaie virtuelle d’Etat, dans quel but ?
Avec le PETRO le gouvernement Vénézuélien cherche avant tout une nouvelle source de financement car l’économie du pays est aujourd’hui en forte crise et même à bout de souffle : hyperinflation avec plus de 600% de hausse sur 2017, taux de chômage à plus de 25%, récession économique avec une chute du PIB de 12% l’année dernière, dette en défaut de paiement, blocage des financements en monnaies étrangères par les Etats-Unis, tensions politiques…
Dans ce contexte, la création de cette nouvelle crypto-monnaie ressemble davantage à un plan de sauvetage de dernière minute plus qu’à une réelle volonté d’être à la pointe de l’innovation et du développement. Le gouvernement cherchant à tirer profit de la mode des monnaies virtuelles pour attirer des fonds dans le pays tout en contournant les barrières financières américaines sur les monnaies régulées.
Les avantages/inconvénients de cette monnaie ?
L’arrivée de cette monnaie est observée de manière très prudente, si ce n’est sceptique, par les analystes financiers pour les raisons évoquées précédemment, d’autant que la création du PETRO, contrairement aux autres crypto-monnaies, sera centralisée et gérée par le gouvernement vénézuélien, qui, on le rappelle est l’un des plus instables et corrompus au monde. Un fort frein pour attirer de nouveaux investisseurs qui ne bénéficieraient pas d’un cadre juridique stable…
De plus, c’est en partie le fait que les crypto-monnaies soient indépendantes des états qui contribue à leur succès. Si demain un pays avait la mainmise sur le Bitcoin et pouvait le réguler à sa convenance, il y a fort à parier que les investisseurs s’y désintéresseraient, d’autant plus si le pays est peu sûr politiquement et économiquement. A noter également qu’en avril prochain les élections présidentielles pourraient mettre à mal le PETRO si le nouveau président ne soutenait plus le projet et décidait de rendre la monnaie illégale.
Concernant la garantie du PERTO en barils de pétrole réels, ceux-ci ne sont pas encore extraient des sous-sols. Même si les réserves sont bien présentes, des désaccords politiques pourraient empêcher leur extraction et donc réduirait fortement la qualité de la garantie qui pourtant est réelle, ce qui représente un atout dont ne bénéficient pas les autres crypto-monnaies.
Le PETRO bénéficie également d’une protection contre la spéculation à outrance. En effet son prix étant indexé sur celui du baril de pétrole, la volatilité des cours ne devrait pas être aussi importante que pour le bitcoin par exemple. Pour rappel son cours est passé de 1.000 USD à 20.000 USD puis 10.000 USD en moins d’un an. Or le manque de stabilité est un frein au développement car il entraine de l’incertitude qui décourage l’investissement.
Le PETRO au final, succès ou échec ?
Il est trop tôt pour se prononcer sur l’avenir du PETRO. Sachant que le contexte dans lequel il a été créé n’est pas sain. En effet, il ne vise pas à s’adapter aux nouvelles monnaies virtuelles et à positionner le Venezuela en tant que leader dans le domaine, mais plutôt à contourner des barrières et sanctions politiques internationales. Cela ne représentant pas une bonne source de motivation à l’investissement étranger.
Reste à voir le sérieux de la gestion du gouvernement vénézuélien, notamment dans la liquidité de la monnaie et la qualité des garanties permettant de présenter un minimum de sécurité pour les investisseurs.
Toutefois si le PETRO arrivait à se développer, il représenterait un exemple pour les autres pays. La possibilité d’attirer de nouveaux investissements par des systèmes de financements différents des circuits classiques. Et cela sans subir les contraintes des autres pays (blocus, embargo, etc.). Cela ouvrirait également la voie à la « normalisation » des autres crypto-monnaies.