Alors que les Anglais ont voté fin juin leur sortie de l’Union Européenne, les grands leaders de la finance qui étaient jusque-là installés dans le cœur de la City de Londres doivent désormais penser à leur relocalisation pour pouvoir pratiquer leurs activités au sein même de l’Union Européenne.
Paris s´était déjà positionné avant même le résultat du vote comme une possible option, pour l´implantation d´une centre financier d´ampleur international. Le début du mois de juillet a vu cette stratégie se renforcer, notamment à travers de forts discours politiques et des promesses d´aménagement de fiscalité pour pouvoir ainsi mieux accueillir les nouveaux arrivants. Malgré tout, Paris devra certainement surmonter certains obstacles pour se transforme en une nouvelle « La City » et faire face à la concurrence des autres grandes villes, toutes aussi intéressées par le sujet.
La volonté politique française d´attirer les institutions financières à Paris s’est clairement affichée dès les résultats connus du référendum sur le Brexit. Et début juillet, le Premier Ministre, la Maire de Paris, la Présidente de la Région Ile-de-France et le Ministre de l’Economie se sont mobilisés afin de démontrer aux acteurs du marché financier londonien que Paris était « the place to be ».
Manuel Valls a ainsi annoncé :
« Nous voulons que Paris devienne le premier centre financier d’Europe »
, lors du Forum international de Paris Europlace. C´est une sorte de revirement politique puisque pendant des années la classe politique dirigeante a essayé de se détacher du monde de la finance et de sa mauvaise image en France, le gouvernement souhaite maintenant charmer les grandes entreprises internationales pour les attirer sur son territoire.
Paris présente de nombreux atouts pour de potentiels nouveaux investisseurs. Elle est tout d´abord placée au cœur de l´Union Européenne (tout comme sa principale rivale européenne sur ce sujet, Francfort).
Ensuite, les récentes ou futures modifications fiscales ont été décidées en faveur des entreprises, comme l´a expliqué Manuel Valls lors de Paris Europlace : modification du régime de l´impatriation et diminution du taux d´imposition sur les sociétés en sont les deux mesures phares. Le gouvernement souhaite également simplifier les démarches pour l´installation des entreprises étrangères en France.
Dans les autres atouts français, son positionnement en termes de marché financier avec une très forte industrie de gestion d'actifs ou bien encore le fait d´avoir 5 banques françaises dans le top 20 européen.
Valérie Pecresse, Présidente de la Région Ile-de-France est très mobilisée sur le sujet et souhaite ainsi un " Welcome to Paris-Région " ! à toutes les entreprises étrangères susceptibles de s´installer en France, puisqu´elle voit ainsi dans le Brexit une véritable opportunité pour la région ile de France. Mais ses propos n´ont pas plu à l´ensemble de la classe politique qui y a vu un opportunisme déplacé à l´heure où l´Union Européenne fait face a une crise majeure.
Cependant Valérie Pecresse n´est pas la seule dans cette démarche.
« Mais notre devoir est de saisir le moment (…) pour que Paris soit enfin la place financière qu’elle ambitionne d’être »
, a ainsi déclaré Patrick Devedjan, président du conseil départemental des Hauts-de-Seine.
Cependant il n´est pas sur que ces différentes incitations soient suffisantes pour attirer réellement les investisseurs étrangers en quête d´un nouveau La City. Si Paris est une capitale européenne majeure, elle est néanmoins beaucoup plus petite que Londres et ne compte donc pas autant de ressources humaines susceptibles de travailler dans le secteur de la finance (estimée à Londres entre 350 000 et 400 000 personnes).
Les différents gouvernements se sont souvent campés en ennemi des marchés financiers et il sera très certainement difficile de contrebalancer cette image d´un pays peu flexible, notamment en terme de réglementation du travail et de poids des syndicats et gourmand en impôts, et cela malgré les dernières mesures prises par le gouvernement de François Hollande.
Face à d´autres veille européennes et asiatiques, Paris devra donc continuer à faire preuve de charme pour attirer vers elle les principaux acteurs du marché financier, et la concurrence s´annonce rude.