Les résultats des élections législatives au Royaume-Uni ont rapidement remis surla scène le scénario possible du « Brexit » (British Exit), c’est à dire la possible sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne.
Les résultats des élections législatives du 7 mai 2015 au Royaume-Uni ont permis aux conservateurs d’obtenir 331 des 650 sièges, leur donnant une majorité à la chambre sans besoin d’alliance avec d’autres partis législatifs. Or, lors de sa campagne électorale, James Cameron, à la tête du parti conservateur, a clairement évoqué le sujet de l’Union Européenne et de l’avenir du Royaume-Uni en son sein, évoquant notamment une renégociation possible des conditions du Royaume-Uni. Dans ce sens, il s’est également engagé sur la mise en place d’un référendum portant sur la relation entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne en 2017.
Le parti conservateur britannique a toujours démontré une attitude réservée, voire hostile face à l’Union Européenne, jugée très contraignante. Cette position est partagée par certains hommes d’affaires britanniques, tel que Graeme Macdonald, directeur général du géant britannique de la construction JCB qui a déclaré récemment que “la régulation européenne est un «fardeau»”, ajoutant:
«C'est plus facile de faire du commerce avec l'Amérique qu'avec l'Europe, parfois».Cette position est partagée par d’autres entrepreneurs et notamment des PME, qui ont le sentiment d’être face à une législation européenne souvent qualifiée de lourde et fastidieuse. Grame Meacdonal n’hésite d’ailleurs pas à affirmer que le Royaume-Uni serait mieux hors de l’Union Européenne, en déclarant : «Cela ne ferait pas l'ombre d'une différence en matière de commerce», Cependant cette vision n’est pas partagée par la majorité du monde des affaires pour qui le « Brexit » serait une catastrophe économique annoncée.
Certes en quittant l’Union Européenne, le Royaume-Uni ne participerait plus au budget européen, souvent qualifié de trop lourd par la classe politique budgétaire, et cela malgré la diminution de 3% accordée au Royaume-Uni suite à la demande de Margareth Tatcher en 1983. Le Royaume-Uni serait également dans ce cas libéré de la réglementation européenne mise en place par Bruxelles, ce qui lui permettrait de retrouver la maîtrise de sa politique migratoire, sujet qui inquiète une majorité de la population britannique.
Mais les revers du « Brexit » ont été analysés par des experts et laissent présager de lourdes conséquences qui ne bénéficieront pas à l’économie britannique.
La sortie d’un pays de l’Union Européenne est tout d’abord un processus complexe, long et coûteux d’un point de vue administratif.
La rumeur d’une possible sortie du Royaume-Uni en 2017 provoquera une forte incertitude des marchés et une baisse des investissements en attendant les résultats du référendum, si ce dernier venait à être organisé. La livre sterling a d’ailleurs connu une période plus agitée que d’habitude suite à la victoire des conservateurs et l’évocation du « Brexit ». Les entreprises et les banques s’inquiètent donc des déclarations de James Cameron, qui pourraient dores et déjà nuire à l’économie britannique.
D’un point de vue commercial, l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union Européenne a permis au marché britannique de profiter du libre-échange, c’est-à-dire de la suppression des barrières douanières avec les autres pays de l’Union Européenne, faisant ainsi de cette dernière le premier importateur de marchandises du Royaume Uni. La perte des avantages liés au marché unique aurait, selon le think tank Open Europe, pour conséquence une augmentation des prix sur de nombreux produits comme celui des médicaments (+4,5%), de l’automobile (+10%), de l’alimentaire et du tabac (+20%).
De même, l’argument de la maîtrise de l’immigration utilisé par les personnes hostiles à l’Union Européenne peut également avoir un revers négatif sur l’économie puisque le Royaume-Uni, comme les autres pays de l’Union, est face à une population vieillissante.
Différents scénarios ont été étudiés par les économistes pour quantifier les conséquences du « Brexit ». Selon ces estimations, une sortie « sèche » de l’Union Européenne aurait un coût de 56 milliards de livres (78 milliards d’euros) par an, dans la décennie suivant le « Brexit », ce qui représenterait pour le Royaume-Uni une perte de -2,2% du PIB. Selon la fondation Bertelsmann, le PIB par habitant pourrait même reculer de 14%.
Un autre scénario est envisagé, à savoir la négociation d’une sortie avec mise en place d’un traité de libre-échange comme c’est par exemple le cas pour la Suisse ou la Norvège. Le Royaume-Uni pourrait alors conserver certains des avantages liés au marché unique. Ce scénario semble plus plausible, mais les conséquences économiques divergent : entre +0,8 et -0,6% du PIB selon les différentes analyses. Cependant, dans cette seconde hypothèse, le Royaume-Uni serait obligé de respecter certains des règlements européens.
D’autres secteurs pourraient également être lourdement touchés comme celui de la recherche scientifique par exemple, largement soutenu par les programmes de financement européens.. Pour la communauté scientifique britannique, un « Brexit » serait un recul sans précédent.
Reste encore à définir clairement sur quels aspects de l’Union Européenne exactement portera le référendum de 2017. Il n’est en effet pas certain que les réglementations qui pèsent sur les entreprises soient au coeur du sujet.